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Lettres à une chimère

17 août 2002

Samedi de der

Il me fallut bien l'envisager que ce message-ci, avec toutes ses versions possibles et inimaginables, les potentielles complaintes des impossibles, les éventuelles crises d'hystérie ou les affriolages putatifs. Tout, j'ai tout imaginé... et n'en ai rien gardé ; sinon l'essentiel.

Ainsi, mon Lo de moi, mon Bel-Ami, mon seul amant, je prends le large, dans tous les sens du terme, je m'exile sur mes terres (chacun les siennes, à toi la Balagne, à moi mon point d'ancrage, la maison familiale d'Escragnolles, au dessus de Grasse, sur la route Napoléon, et à flanc de coteaux).

Comme à chaque bonheur, comme à chaque malheur, c'est là-haut que je veux traîner, à l'instar de ma retraite anonyme et anorexique d'il y a deux ans, alors que je cachais tant bien que mal le départ de ma femme à ma famille (cf. songeur autoportrait).

Pour cet été là, la chose est différente quoi qu'un tantinet similaire. Je ne suis certes plus plaqué cette fois-ci mais, c'est pire, je ne suis pas aimé non plus, bien que m'étant employé aux incantations et piquage intensif de poupées aux airs de déjà vu, bien qu’ayant essayé de donner le meilleur de moi-même avec l’handicapant manque de confiance que la situation m’impose... On m'a jugé "tout cuit, tombé du ciel" telle une oie trop bien rôtie, alors que de bêtes légumes verts vapeur obtiendraient peut-être les faveurs consommatrices de cette exquise bouche ! Mais déjà, les Israélites regrettaient la servitude du joug égyptien, parce que somme toute correctement sustentés en oignons et autres herbes aromatiques par leurs bourreaux, alors que Moïse, lui, les menait certes dans l'aridité affamante du désert mais en tous cas vers la liberté et le bonheur! L’on sait toujours ce que l’on perd, jamais ce que l’on gagne. Alors…

L'histoire se répète, à moindre frais, puisque je n'ai pas eu, en ce qui me concerne, à organiser de miracles en live pour assurer de mes intentions. Mais l'oie rôtie qui s’est contrainte par elle même à vendre ses chairs de la sorte ne fait pas recette dans sa réalité. On lui préfère(ra), j’imagine, d’autres menus légers... plus… anodins… Lundi pascal contre jours de Carême.

De plus, force m’est de supposer ne vraisemblablement pas être une "opération horizontale" gratifiante pour toi, parce qu’inexpérimenté, embarrassé, emprunté, et tellement transi par l’idée de mon amour à sens unique que j’en perds facilement, bien malgré moi, mes moyens. Même là, je ne créerai pas de dépendance. Raison de plus et suffisante pour m’éclipser vers mon projet…

C'est ainsi. Tu en as tout une vision distillée goutte-à-goutte, sang à sang, je ne dirai plus rien. Tu sais, tu savais tout.

Je vais m'efforcer de m'éthérer dans peu de temps, de m'évader de tout cela et du reste. Et surtout de moi, que je déteste tant et plus, n'ayant pas su aujourd’hui prendre l’Autre, et jadis seulement en garder une, dans mes bras pour une année, un siècle ou une éternité. Je prépare mon affaire, je coupe court, fais sauter tous les ponts avec chacun, ne répondrai plus au téléphone, à personne, à quiconque : il me faut de la distance pour faire mon œuvre. J’aurai dores et déjà embrassé quelques irréductibles, écrit à d’autres, dit je t’aime à qui se reconnaîtra : je peux cesser là ce jeu de dupes, "fermer enfin les rideaux".

Tourvel est prête. Le tour est fait, tout essayé, tout raté, c'est bon, c'est bon, je prends mon compte et respire une fois (encore), le cœur battant à la chamade comme ces dernières nuits où tu m’en demandais les raisons.

Alors, on oublie tout ; magie, et hop-là !

 

Et dire qu’il y avait tant d'amour dans ce garçon-là, pourtant...Pourtant.

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11 août 2002

Imagier de toi... et un peu de moi aussi.

Lo,

J'ai fait du rangement dans mes pixels ; je te fais donc parvenir les photos du mois de juin qui attendaient patiemment d'échouer entre tes belles mains. Ce sera donc chose faite en ce lundi, dès ton retour.

Et comme un bonheur ne vient jamais seul, je t'offre quelques clichés de moi qui hantaient aussi de leur désordre mes clusters... clichés que j'aime bien, cela va sans dire, même après avoir assassiné à la hache ma mégalomanie et mon auto-célébration numérique depuis que j'ai compris combien l'image était dérisoire ! Car cette dernière a ceci de commun avec les œufs qu'elle se brouille, se casse même, et se périme. Jusqu'à devenir inconsommable (certain que tu n'aimes pas les œufs, du coup...).

Nous y voici donc, en pleine DLC, et pas même le temps d'être reposé en vue sur un rayonnage... Briguer la tête de gondole, voilà bien l'autodafé d'un rêve... D'ailleurs les gondoles à Bonifacio sont assez mal fréquentées... et pas même chantées, c'est dire !

Ca tombe bien... si tu n'en trouves aucune utilité, tu pourras toujours faire sacrifice de ces octets à la corbeille de notre ami Yahoo...

Il n'empêche que de mon côté, et ce malgré le désir déjà exprimé, je n'ai rien de toi. Pourtant, un certain 1er février, c'était bien le deal que nous avions conclu... Aujourd'hui, c'est un peu tard, mais...

Bien à toi,

6 août 2002

Des pentes, sans Virginie

Comprenne qui veut !

 

Featuring remix of Madonna's Erotica

6 août 2002

Réponse rassurée

C’est gentil que d’avoir réagi à mon message…

Je ne te demandais pas de comptes toutefois, c’est ta vie que tu gères comme tu peux, avec les moyens, les rencontres et les impondérables… Et les cœurs qui t’entourent.

Plaire est une bonne chose, comment ne le serait-elle pas d’ailleurs ? Nous aimons tous cela. J’ai adoré te tourner la tête malgré moi cet hiver, faut pas croire, c’est flatteur ! C’est juste que la situation s’est inversée. Et je crains que personne d’autre y serait arrivé, pour répondre à ta question...

A qui d’autre que toi, telle est la réponse.

Démonstration. Je n’ai jamais dû t’en parler, pas eu l’occasion, mais avant de quitter l’Est, je suis devenu objet de culte, subitement, pour un jeune agrégé de français, prof de lycée, petit bourgeois, rencontré par hasard à un opéra d’Offenbach, La vie parisienne… Je lui ai tourné la tête ce soir là en théorisant sur Emma. Un peu trop… Il trouvait que je causais bien… Il aura plus tard jugé aussi que ma prose était bonne, ce qui me fit un plaisir d’autant plus immense, au delà d’avoir la seule sensation de n’être que beau. Beau et intelligent, le rêve de chacun, non ?… Mais je m’évertuais à lui démontrer que j’aurais pu tout concevoir jadis, plus tôt, mais que décemment, à 29 ans, je me trouverais bien pathétique que de faire ma vie avec un homme. Moi et mon désir de paternité, moi et mon rapport meurtrier à l’âge, moi et ma sainteté. Je lui ai donc prouvé, par l’entière arithmétique de mon être, que c’était trop tard pour moi comme expérience, que je ne pouvais y souscrire, que je ne le voulais pas. Il a rompu les ponts ; comportement de folie… Je n’ai aucun regret : pas d’amour.

Je me serais aussi fait quelquefois aborder dans la rue, par de jolis garçons, mais non… Non que cela ne m’ait jamais attiré, au contraire, seulement… non. Je ne peux pas sans aimer.

Juste toi. Tu ne m’as rien révélé, Lo, ce n’est pas une voie que tu m’as ouverte, crois moi. Juste ta voix que j’écoute, qui me berce… contre le mur, trop près, bien trop près ! Je suis contre ta peau, parce que j’éprouve quelque chose. C’est tout. Mais je ne te veux coupable de rien ; juste mauvaise muse.

Tu fais selon tes désirs aujourd’hui, selon tes ires autant. Oui, détrompe-toi, je me demande souvent quels bourreaux tu as croisés. J’en connais un à qui j’en veux de te rendre moins beau, tu le sais. Je tuerais aussi volontiers les autres. Et je ne pense pas qu’une décade efface ce qui t’affecte réellement, profondément, viscéralement. Il y a des expériences au fer rouge, tu verras… C’est tant pis tant mieux, mais c’est ainsi. Si cela passe, c’est qu’il manquait de l’intégrité dans le ressenti. Sans quoi, on n’oublie rien de rien ; tu le sais.

Alors, la frustration, l’ascétisme, sous prétexte de faire mal, ce n’était bien sûr pas mon propos. Pas exactement. Je veux juste que tu n’oublies pas le mal que cela fait que de ne plus être aimé et, peut-être pire (je m’interroge depuis toi…) de ne pas être aimé. Ni aujourd’hui ni dans dix ans. Cela m’ennuierait que de n’être au mieux qu’un souvenir d’ici 2013 dont tu n’aurais rien appris, cher et tendre Lo… Et parallèlement, je me décevrais aussi de ne pas emporter un bout de toi dans mon évasion…

Tu prêches donc pour l’honnêteté, la conscience… Oui, je le crois. Je te l’espère à jamais. Mais je maintiens ce que je disais à notre rencontre hivernale : avant de jouer les tombeurs, il convient de s’assurer un minimum que l’on ne laissera pas l’autre à terre pour rien. Et assurément pas pour le seul besoin de se faire du bien, de se sentir plus grand, plus à l’aise, plus confiant, plus irrésistible. On ne peut pas se jouer des sentiments d’autrui, on ne peut pas. C’est pour cette raison que je t’absous, tu n’as jamais voulu me faire du mal. Ce n’est toutefois jamais une raison pour ne pas être vigilant et prendre le risque de réitérer la chose avec quelqu’un d’autre.

Que mon sacrifice serve à quelque chose, ce sera déjà ça que de ne pas s’immoler en vain !

Vis ! Mais vis toujours plus intelligemment.

 

Pile dans ton cœur, ton ami de toi.

6 août 2002

Hors-série

Mon Lo,

C’est dans l’insomnie que le conseil se fait porter, et même s’il n’a pas valeur de décret, tu en feras ce que tu souhaiteras, je le sais, mais il y a ce point dont je souhaite te faire part, point qui m’a taraudé durant mon errance nocturne. En toute amitié, simple amitié, rien de plus.

Je te sais suffisamment meurtri depuis les événements que nous savons, je te sais moins confiant en toi, c’est la saine preuve d’une remise en question, je te sais prêt à rien de concret, rien d’ambitieux, avec qui que ce soit. Tu évoques cependant l’idée de reprendre tes activités séductrices, comme l’expression valorisante de ce que tu sais être, le charmeur, le charismatique animal aux mains si douces, aux yeux si tendres… Parce que, bien sûr, il faut se reconstruire, il faut à nouveau devenir cette divinité, asseoir son magnétisme sur un royaume. Il faut régner.

Le pur amour du sujet que je te suis ne déblaie pas les ruines que le désamour de l’Autre ta causé. Je ne suis pas suffisant, sous ce rapport ; c’est grand regret. Peut-être est-ce mon côté désormais tellement accessible qui me dessert depuis que je recherche ta chaleur de manière systématique, irrationnelle, mais tant heureuse l’instant venu. Peut-être aussi est-ce mon noviciat qui me rend parfois semi-défaillant. Bizarrement, dans ta nouvelle optique, j’aurais éventuellement eu mes chances de te garder la nuit en prenant le rôle de ta marotte, de ta toquade, de la victime de tes futures entreprises de reconstruction, toute dévouée à son chef de chantier… ! Mais en définitive j’ai une place plus consistante, même si elle ne consiste pas en cela. J’ai la beauté du rôle pour moi, bien qu’il soit extrêmement difficile à jouer avec justesse.

En fait… peu importe, ce n’est pas là où je veux en venir. Moi, tu me respectes, m’aime peut-être comme un petit frère le ferait, un peu incestueux, juste ce qu’il faut, et ne veux pas me perdre. Je sais tout ça. Et t’en remercie.

L’idée qui m’assaille en réalité, celle dont je veux te parler, c’est la crainte que tu ne saches tirer profit (diantre, quel mot !) de l’expérience traversée. Tu veux te donner corps à nouveau, c’est légitime… En en passant par le jeu de la séduction, à défaut d’amour, et du hasard, en revanche, tu prendras des risques ou plutôt en feras courir à d’autres.

As-tu envisagé des souffrances que tu pourrais, peut-être, causer ? Ton propre malheur ne peut s’autoriser à sacrifier le cœur d’innocents, tu le sais… Oui, tu le sais. Bien sûr, si ta conquête d’en face ne développe rien pour toi, la question ne se posera pas. Toutefois, si des sentiments devaient finir par s’en mêler chez ton amant, voire amante, d’un soir, d’une semaine, d’un mois, tu feras comment, petit Lo, si tu ne veux rien de plus ?

Tu te rétracteras, le (la) laissera le cœur défait, les illusions perdues, l’amour dans l’âme, la mort aussi parfois, la folie certainement. Parce que dans ces cas-là, tu auras beau dire, la raison n’a aucun sens. Il t’aimera, elle t’adorera. Et tu t’en voudras (je l’espère).

Tu déplores à ce jour tes deux victimes consentantes, Sabrina & moi. Je ne connais pas cette fille, mais sa prose m’a ému l’autre fois ; j’en avais les larmes qui me gagnaient, cela me ressemblait. Avait-elle mérité, suscité, un tel dénouement ? Fut-elle innocence, fut-elle démence ? Je n’en sais rien. Ce que je sais néanmoins, pour le vivre depuis des mois avec une douleur sans cesse exacerbée, c’est que porter un amour en soi, dont on n’a pas demandé la gestation, c’est rien de plus qu’un enfant dont le père ne veut pas ou plus, un avorton putride qui tue, lentement, sûrement…

Il t’est acquis que tu m’as enfanté cet amour là, Lo, et tu t’en veux assez… Bien sûr, je pourrais tenter la fausse couche… Or je l’amène à terme, mon terme, malgré tes justes recommandations. Aujourd’hui, je ne vole que ce que je désire, c’est a priori mon affaire. Mais au début, elle fut tienne, mon joli pull rouge... Moi point stérile, toi bien trop fertile ; résultat, on se croise aujourd’hui, on se fait mal l’un l’autre, on craint de se perdre, c’est éreintant. Mais c’est tellement sincère, tendre, pour l’un comme l’autre, n’est-ce pas ?…

N’empêche que, pitié, tu te dois d’épargner cela à une troisième personne, ne pas risquer de recommencer ça ! Je t’en prie. On ne s’édifie pas sur les cendres d’autrui, sauf chez les médiocres. Tout ce que tu n’es pas. S’il arrive que l’on se sente parfois perversement flatté lorsque l’on rend fou pour la première fois quelqu’un que l’on refuse (je l’ai honteusement expérimenté), l’on se sent bien moins glorieux avec le recul. D’ailleurs, et déjà, tu ne te grandis pas de ce qui m’arrive, bien au contraire, m’ayant tant de fois avoué "te sentir merdeux"… La leçon est donc sue ; l’appliqueras-tu cependant ?

Bien évidemment, toutes tes rencontres, puisque c’est de cela dont il peut s’agir, ne t’amèneront pas inexorablement vers des êtres du bois dont Sandra et moi sommes, semble-t-il, faits. Peut-être que tu pourras appliquer ton plan sans que personne ne s’abîme en pleine mer, sans compter les épaves de ta piraterie. Tu ramèneras les trésors que tu étais allé quérir, l’assurance de ton pouvoir attractif, ton charme plus (r)assuré, ta vie célibattante, les orgasmes les mieux, un peu de tendresse, de légèreté, et tout et tout… Peut-être… Mais peut-être pas seulement.

Pour toutes ces choses, ces richesses que tu brigues, une folle, un mort, ou vice versa, seront déjà de trop dans ta courte vie.

Voilà, c’est tout. Je te demande d’y réfléchir. Cela n’a rien à voir avec moi, bien entendu. Cette fois-ci, c’est bien pour toi, et un peu pour les autres. J’aimerais juste que tu comprennes pleinement que dans les relations humaines, même quand elles démarrent de manière futile, et que par contrat l’on se jure n’en rien attendre, n’en rien promettre, eh bien, cela peut déraper. Après, gravier ; virage ; sortie ; et crash.

C’est là le comble des gens qui attirent. Tu as cette responsabilité, même mal avec toi même.

Bien à toi,

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31 juillet 2002

Sans objet

Ca fait des mois que je glisse des petits papiers dans le mur... Je crois bien connaître la valeur volatile de l'instant...

26 juillet 2002

« I'm thru with love, I'll never fall again, say adieu to love, don't ever call again, for I must have you or no one, and so..."

J'ai parfois l'impression que tu m'en veux de te faire part de ce que je ressens... Lis-je mal ou cherches-tu à te montrer passablement désagréable !?!

Certes, c'est vrai, Lo : ce n'est pas le meilleur moment ; désolé, mais... je suis pressé par le temps et ai besoin de dire les choses. D'un autre côté, tu me diras aussi, tu n'as éventuellement pas besoin de les entendre... Faudrait alors que je m'abstienne... Faudrait... Faudra.

Il le faut, puisque cela te rend le trait laconique, limite dédaigneux... Des fois, j'ai l'impression que tu t'inventes des humeurs où tu m'en veux, souhaitant même des "avalanches que l'on déclenche quand le dimanche on s'ennuie" comme l'écrit Miossec...

Il n'empêche que mon mail ne s'apparentait pas à un négoce particulier, tu sais... Je t'ai gratuitement évoqué mon plaisir de t'avoir eu à demeure, en dépit de la circonstance à laquelle je ne pouvais rien si ce n'est t'assurer de mon épaule. Ton séjour m'a seulement rappelé qu'il fut un temps où j'ai aimé servir quelqu'un, servir à quelqu'un... Un temps retrouvé, une madeleine... que, certes, je croquerais volontiers à nouveau si j'en avais les moyens. Mais je ne force personne à m'aimer, tu te doutes bien, sans quoi, je n'en serais pas là géographiquement, physiquement et moralement.

En fait, je n'attends rien de toi sous un rapport, disons… purement amoureux et quotidien. Je ne rêve pas. Tu m'as fait l'amitié de m'aimer jusqu'à l'amour, en prenant bien soin de m'expliquer tendrement les choses (malgré une overdose de jus de pomme !). Je ne pourrai donc avoir idée de décemment espérer que tu aies envie de vivre quelque chose avec moi. Ou du moins plus maintenant. Ou pas maintenant. Ou un jour. Ou jamais. La meilleure preuve réside dans le fait que je m'emploie activement à des projets autrement moins constructifs... Au moins, cela me rassure sur la petite mort de mon ambition envers le garçon qui me hante. Mes nuits ne seront donc pas plus belles que mes jours, dommage, elles étaient si électriques. Si des fois il devait t'en rester en rabe, avant que je ne m'évapore, tu m'en mets quand même quelques unes de côté, OK ?

A cette heure, je renonce chaque jour un peu davantage, tout en t'aimant un peu plus. C'est ridicule, grotesque à pleurer, mais c'est au moins de circonstances. Car comme je sais pertinemment n'être ni indispensable, ni irrésistible, il n'y a aucune raison que je balaie à ta place, ou seulement remette en ordre, tes souvenirs, tes sentiments et le reste. Ni ne m'intercale. Tu as besoin de ta solitude, tu la revendiques, tout comme ton indépendance vis-à-vis de moi et de mes entreprises maladroites. J'entends clair et c'est bien acquis, je ne suis autorisé à ne prétendre à rien. Tu me le répètes pour mieux me prévenir ; c'est honnête de ta part, tu es parfaitement probe sur toi ! Nulle crainte, je te l'ai assuré contre ta bouche, point de procès entre nous. Notre relation est à ce jour une auberge espagnole, on y trouve ce que chacun y amène... Et c'est déjà beau, sauf quand tu te caches de moi ou m'agresses sans commune raison (mais t'en excuses aussi, ce qui est une belle qualité !).

Mon irréprochable intégrité, la limpidité de mon âme, ma luxueuse véracité sentimentale, le mystère de ma quasi virginité amoureuse, ce côté un peu Madone, ne feraient pas, de toutes façons, le poids, je le crains, face à tes jeunes quêtes retrouvées. Alors mes petits papiers et mes prières trop sonores, dans le mur que tu dresses, et qui jadis te faisaient un autre effet, je le sais, sont présentement vains, voire insupportants.

Jérôme est-il à ce point un ami désirable mais un si piètre amant sans consistance face à la somme des autres ? Des fois, je finis par le croire...

Pourquoi donc m'obstiné-je ? Je ne peux te répondre... Parce que je pense que l'on rate quelque chose, certainement... Mais ainsi va le monde, les gens et leurs décalages... Qui dira si c'est à ce point dommage ? Le saura-t-on un jour ? Y aura-t-il des remords, des regrets ?

Ces questions n'ont de toutes façons aucun sens, aucune raison d'être, puisqu'un seul être te manque. Et tout est dépeuplé. Et je ne repeuple rien. Je suis stérile voire infectieux. Ce qui sera décent c'est de rester à ma place, que je demeure gentiment un ami... L'ami du Lo. Comme il a son chat, Lo a un ami qui lui est dévoué, qui partagerait son Shéba sans grogner et qui continuerait à chier sur les visiteurs en toute béatitude inspirée... Ceci ne devrait donc pas me priver de trop de caresses, non ?

Je fais de mon mieux, Lo. Même si c'est pire... Pour avoir interféré dans ma vie comme tu l'as fait depuis ces longs mois ("ta position n'a pas dû être des plus faciles" m'as-tu soufflé... et "t'en as aucune idée" serais-je tenté de répondre !), je ne t'en ai jamais voulu. Pour ce que je dévoile malencontreusement de mon cœur, quand toi tu te bats avec le tien et tes vengeances, ne me blâme pas. Tu ferais la même chose à ma place. Tu l'as faite cet hiver.

On est pareil Lo ; mais là, pour le coup, dans deux cours différentes. Sont-elles définitivement antinomiques ?

Bien à toi,

25 juillet 2002

Du paradis artificiel

Bonsoir mon joli Lo,

Je ne suis pas certain de faire ce qu'il y a de mieux en tapotant avec mes petits doigts sur ce barbare clavier étant donné que je suis dans un shoot overdrugged de double je m'en fous & Aberlour 15 years.

L'utile à l'agréable, mais qui est quoi ? Ce qui est sûr c'est que cela me fait tourner au ralenti et dire des choses dont je prends le risque de ne plus me souvenir le petit matin venu... Après tout, pour quelqu'un qui m'a vu ces mêmes matins dans l'appareil le plus simple, et réciproquement d'ailleurs (de très bon goût l'appareil, vraiment !!!), quelle importance qu'une impudeur de plus ?

C'est donc acquis, je gribouille un petit bout de tendresse électronique pour me rapprocher un peu de toi, toi, mon Bel-Ami, dont le départ subit n'a pas fini de troubler plus encore le fugace bonheur de t'avoir eu à demeure, à cœur et aussi à corps... Curieusement, là où il me paraissait salutaire de prendre le large, étant donné ta refonte aussi attendue que désespérée avec Herr Direktor (cf. notre belle discussion sur la route de la plage et ma non-réponse à la cruauté de la question), je me suis retrouvé pile poil une fois encore, par ma faute, dans Lo vive de ton âme, toujours plus certain de moi, même dans le décalage de nos desiderata voire de nos désirs...

Tu es parti, tu as tes raisons. C'est sans doute plus sage pour ta salubrité et ton rétablissement. Mais quel crève-cœur quand même pour ton serviteur ! Ce n'est pas Dieu possible que l'on puisse s'attacher ainsi à un individu ! La maison me semble trop vide, elle qui me paraissait si surchargée quand John y créchait... Mais l'amour a ses mystères et s'accommode fort bien de ces petits riens qui font ces grands touts (ah, se réveiller auprès de la personne que l'on chérit, c'est pour moi, cadeau pour offrande !). Un temps de joie balancée, évidemment, par ton malaise, ta haine, ton délire d'amoureux jeté. J'ai fait ce que j'ai pu, sans doute mal, mais j'ai fait de mon mieux. Avec tout mon cœur en tous cas, cœur d'ami mâtiné d'amant, cœur à prendre (plus pour longtemps, je l'espère cependant), avec mon attention, mes facultés de raisonnement et tendrement. Car lorsque l'on se trouve avec toi, c'est un vent de tendresse qui assaille, à l'instar de la douceur de tes mains sur ma chair, ou de quelques regards chavirés, tout respire le souffle lent de la belle ouvrage...

Je stoppe là. Je ne veux en venir nulle part particulièrement, simplement te dire, te rappeler, combien tu m'es cher, combien je suis heureux que tu m'aies sollicité, que je me fous éperdument d'un hypothétique qu'en dira-t-on. Je sais m'accommoder de tout. Sauf de moi. Car moi sans rien, c'est inutile.

Alors Lo, bonne chance pour la Polo, pour l'appartement, pour la guérison, pour ce que ton âme désire. Mais n'oublie pas : ouvre les yeux ! Il serait dommage de regretter, un jour, les trains que l'on n’aura pas pris à temps et ceux que l'on aura empruntés peut-être un peu à tort... Il y a des gares partout, faut juste savoir descendre et se renseigner !

"Un coup de main" (citation fameuse quoi que concise d'un ami) ?

Bien à toi,

10 juillet 2002

Y a pas que les Destiny's !

You think I'd leave your side baby

You know me better than that

You think I'd leave you down

When you're down on your knees

I wouldn't do that

I'll tell you you're right when

You want

And if only you could see into me

Oh when you're cold

I'll be there

Hold you tight to me

When you're on the outside

Baby and you can't get in

I will show you you're so much

Better than you know

When you're lost and you're alone

And you can't get back again

I will find you darlin' and

I'll bring you home

And if you want to cry

I am here to dry your eyes

And in no time

You'll be fine

You think I'd leave your side baby

You know me better than that

You think I'd leave you down

When you're down on your knees

I wouldn't do that

I'll tell you you're right when

You want

And if only you could see into me

Oh when you're cold

I'll be there

Hold you tight to me

Oh when you're low

I'll be there

By your side baby

Oh when you're cold

I'll be there

Hold you tight to me

Oh when you're low

I'll be there

By your side baby

10 juillet 2002

... des ronds dans Lo...

Voilà trois cents secondes que je cherche un truc à t'écrire, un truc ni trop ni pas assez, bref un machin intelligent... C'est peine sèche, panne perdue, je suis à fond de cale et impuissant devant ta détresse. Parce que personne n'y peut quoi que ce soit, excepté temps, raison et, qui sas ?, aléas...

Je te souhaite donc du courage, et il t'en faudra. Bien sûr, l'amour, l'affection, l'amitié des individus qui t'entourent ne sauraient peser proportionnellement au drame qui t'assaille. Cependant, ils existent. Nous sommes, à mon avis, plusieurs à te chérir, à apprécier ce que tu es, fut-ce au travers de tes défauts, et précisément pour tes qualités naturelles comme les acquises...

Les ondes, mêmes mauvaises, finissent par mourir à la surface, quel que soit le pavé. L'aurais-je cru jadis ?

Non, et pourtant...

Cette réflexion t'est inutile, je le sais, mais je suis dans l'obligation de l'écrire parce qu'elle s'avère un incontournable. Tout comme le fait que tu m'aies à tes côtés, dès que tu en ressentiras le besoin à nouveau.

Dors, mon Lo, dors tant bien que mal. Et sauvegarde ton cœur, pour ce qu'il en reste.

Exactement bien à toi,

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