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Lettres à une chimère
6 février 2002

De profundis

Finalement, c’est bien de liaisons dangereuses dont il s’agit. Peut-être même d’illusions dangereuses aussi.

Je suis Tourvel, version off, entrepris, chahuté, renversé, bouleversé et finalement épargné. Sauf que pour les gens de cet acabit, ne pas sombrer dans ce que l’on refuse parce que l’attaquant se rétracte, ce n’est pas ce que l’on appelle un succès. C’est une défaite, celle de la faiblesse, celle qui nous a autorisé, contre nos lois et codes éthiques, moraux, religieux, à imaginer la perversion de l’âme. L’insoutenable légèreté de l’être, en clair. Je me déçois encore, me fais horreur d’en être arrivé là, en si peu de temps, par le seul truchement de ta démarche folle.

Avoir été séduit, au sens strict, serait un mal meilleur, il me semble. Au moins, je serai. Or là, je ne suis plus rien. Ni celui d’avant ni celui de demain. Tout se fissure par cette seule dizaine de jours… Cela a au moins le mérite de me faire comprendre que je vis une existence nihiliste et que, plus que jamais, il y a urgence à cesser ces frais là. Je n’ai pas les moyens de m’offrir le luxe du bonheur, ou de ce qui s’y apparente. Ce n’est pas pour moi. Mais j’apprécie somme toute ta prise de conscience envers ta relation avec Jean-François. Elle est un gage de ton sérieux, ce qui me conforte dans l’idée que tu es un être à part… Idée qui, finalement, me blesse…

Donc, petit Valmont (in)volontaire, tu assistes à mon naufrage en eaux troubles. Ce n’est assurément pas ce que tu souhaitais, mais le fait est que le résultat est là, il me crève les yeux, et je n’ai plus besoin de tenter de les garder ouverts pour végéter, les yeux grands fermés, Eyes wild shut, so.

"‘Cause I detest all myself, because a fright of punishment", Act of contrition. Et dont acte, donc.

Tourvel, "l’Interdit" selon d’autres charmantes sources autrement inspirées, ne finit pas bien. "Assez, fermez les rideaux", dit-elle à l’aveu du Vicomte. Or, là diffèrent les destinées de cette Présidente et de ton esclave puisque, à mon grand désarroi, et du plus loin qu’il m’en souvienne, la mienne n’a jamais convenablement commencée ! Conclusion, ce n’est rien de moins que ce que cela a toujours été : une odyssée du vide. Et dans l’espace, personne ne nous entend crier paraît-il ! Alors…

Je ne sais pourquoi je t’écris cela, de toutes façons je suis grillé. Si mon intégrité est, à ce jour, réelle, la licence de mon esprit et celle de mon cœur se sont emballées et se sont métamorphosées, palpables dans le virtuellement envisageable. Pour rien… à mes frais. Et peut-être aussi aux tiens, si je t’en crois.

Aussi, que ceci reste entre nous, je t’en prie. C’est déjà bien assez que de devoir s’insupporter en général pour finir par une déchéance de putain, un jour de pluie, un mercredi 6 février.

Je compte jusqu’à toi. Quant à après !?! On ne m’a pas encore appris.

Que la honte soit avec moi, et que tu trouves ce que ton âme désire au plus profond !

Cent mots de fin ; j’ai l’idée mais pas l’idiome. Idiotie de l’épistolier, puisqu‘un seul geste suffirait à me trahir… On n’est plus à une traîtrise près.

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