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Lettres à une chimère
13 mars 2002

Des lendemains qui déchantent ?

Mon Lo,

Voici déjà plusieurs jours que je n'ai eu le loisir de te faire lire quelques unes de mes pensées qui, quoi que tu en imagines peut-être, sont d'une limpidité à toute épreuve. Le problème est là, en fait : c'est qu'il s'agit effectivement pour moi d'épreuve, de parcours du combattant, et pas même de repos du guerrier, c'est dire le Lo de consolation qui est le mien ! Obligé d'attendre des circonstances favorables, la lune en croissant dans la constellation de mes mirages, obligé de me demander pourquoi ton serviteur a le cœur et l'âme fissurés et toi.... toi, qui semble survoler tout ceci, léger en apparence ou en réalité, qui sas ? avec des "je ne sais pas" et autres "that's all" à l'heure où moi je me vide de toute substance, de raison, et où mon cœur subitement délaissé, au sens amoureux du terme, hurle sa famine de ses miettes à grignoter deci delà...

Nous en avons touché mot dimanche, certes, et ce moment passé contre toi, je te jure que c'est une émotion que je n'ai pas vécue souvent, moment intense et bête à la fois, mais moment tendre, juste avec une pointe de sensualité, comme un baume du Pérou qui cicatrise les plaies dans sa douce chaleur…

Mais qui porte ces plaies, qui a les stigmates de sa Passion ? A t'entendre, et bien que je préfère de loin te savoir heureux, j'ai la sensation que la sécheresse dans laquelle tu m'as précipité, l'asservissement qui est le mien face à ton inénarrable attraction, t'est quotidiennement lointaine sinon étrangère.

Tu vis. Normal, ce n'est pas du domaine du deuil...

Je ne vis plus, ça c'est moins normal pour un bout d'homme qui n'avait assurément pas demandé un tel dénouement. Et quel dénouement y a-t-il en fait ? Oh, bien sûr, ton amitié, ton affection pour moi, je les sais toujours sincères, profondes même, pour éventuellement le fait que je sois, à quelques choses près, l'exacte synthèse de nombre de tes souvenirs. Mais après ...? Je suis quoi ? "Pas une chose" m'as-tu assuré... Mais cette impression de me faire flouer, d'être un jouet dont tu te lasses par excès de raison ou de sentiments dont je ne suis pas (ou plus) destinataire ? A qui penses-tu, avec qui dors-tu (oh, ça, je ne le sais que trop !), que veux-tu de moi ?

Je te fais du bien en étant à tes côtés ? Tu m'en vois ravi. Tu me fais du bien de me serrer dans tes bras, de m'appeler, de croire en moi, tu m'en vois heureux aussi. Et pourtant, pourtant.. Pourtant, que dois-je faire de ma vie en ces heures-ci ? Tu es charmant avec un maximum de gens, je sais, je sais, et j'ai ma place, place de choix... Mais elle n'est pas ou plus celle que tu m'as proposée à grand coup de harcèlement et de jeu de la séduction. L'ennui désormais, c'est que c'est moi qui arpente le trottoir, c'est moi qui fait la pute par mes humeurs chagrines et mes joies démesurées. C'est moi qui te parle d'amour, qui te prêche OK pour les enfers contre un peu de paradis sur terre, qu'importe le prix à payer... C'est moi qui choque mon entourage avec mes déclarations à ton sujet. C'est moi qui accepte le grand chambardement, la destruction de ce que j'ai (pour utiliser un de tes mots récurrents) pour l'amour d'une personne qui me désarme et que je n'ai de cesse de flatter avec une sincérité angélique. Même si je crois que je t'en veux à mort de me mettre dans cette position là, ni régulier, ni amant, juste ami...et ça devrait être déjà bien... Sauf que mon cœur, mon corps en attendent davantage, du plaisir, du désir à plein temps, à pleine bouche, légitimement. Il n'y a plus de mystère entre nous deux, du moins de mon côté. Mais je ne me mouillerai pas, je l'espère, pour une histoire de sexe, bête comme chou, aussi orgasmique pourrait-elle être…

Et cependant, même là-dessus, je doute, c'est dire. Seulement voilà, j'ai le romantisme trop exacerbé pour voir filer l'oiseau rebelle ou indécis que tu peux être, enfant de bohème ou véritable compagnon, joli couple à tenter, comme je le souhaiterais. Or tu te défiles, tout le temps, après m'avoir agressé de ton charme et de tes demandes insistantes. J'ai cédé, comment aurais-je pu résister à cela ? J'ai eu ton effervescence et le soufflé débandant dans la foulée. Moi, je n'ai pas changé, ou alors en mieux, je connais ce que je veux.

Tout ceci tu le sais, je te le dis, redis, écris, mais tu occultes souvent, et me rends calme en m'accordant qui une heure qui deux dans ma chambre à expérimenter la chaleur enivrante de l'autre. C'est déjà trop pour n'en rien avoir, n'en rien savoir. Je voudrais ne jamais te laisser filer, me réveiller à tes côtés, te veiller, prendre soin de toi, et le reste... Ah, le reste... Même pas peur ! Car être auprès de toi, il doit y faire bon. Ou alors, je me fourvoie...

Tu veux quoi, tu sais quoi de toi, de ton couple actuel, de moi, de nous ?

Moi, je me suis compromis à mort, du haut de ma tour d'ivoire, et cela ne me pose aucun problème si cela sert la cause, ta cause, notre cause. Mais compromis pour devoir contempler dans les bras d'un autre le garçon que j'aime chaque jour un peu plus, compromis pour parfois avoir la sensation (pardonne-moi) que je ne suis qu'un mauvais jouet, un crochet à peine dangereux, dans ton ronron domestique, le fameux interdit avec qui il est bon de flirter, c'est beaucoup à supporter pour un hétéroflexible ! Je ne trouverai pas ma voie avec les gars, après toi, ceci me semble clair. Mais je souhaite du fond de mes entrailles la trouver avec toi, tu es un garçon, c'est tant pis tant mieux... mais cela me va.

Que te dire de plus ? Il n'y a que moi qui te cause d'amour... Après ton électrochoc en ayant fait ma connaissance, tes questions et encouragements précis, tu tiens un discours désormais politiquement correct, me jetant un peu de tendresse au passage de nos week-ends en tête-à-tête voire corps à corps... Et je prends, je ramasse, cela me comble de bonheur, d'hystérie, ma chair est sens dessus dessous, et cela n'a rien de sexuel à proprement parler. Tu n'es pas un phantasme, tu es l'âme que j'aime, et le fait est que tu es un homme. Ce qui ne me pose pas plus de problèmes que cela, je suis capable de faire des coupes sombres dans ma vie si le jeu en vaut la chandelle.

Ta flamme brûle-t-elle encore pour moi ou non ? Là est la question. Que dois-je attendre ?

« Parce qu'aimer à perdre la raison, aimer à n'en plus savoir que dire, à n'avoir que pour seul horizon... », tu connais la chanson. Moi, je perds la tête quant toi tu parais la conserver froide. Tu vis, tu croques, après avoir bousculé mon intégrité. Et mon ennui massif aussi.

Je n'ai rien demandé mais, aujourd'hui, il me faut entendre ta partition. J'en ai besoin. Tu sais ce que je peux te proposer, je suis sincère, entier, dévoué et davantage. Je pense que je suis clair depuis le début, tu me vois évoluer. Mais il est au-dessus de mes forces de me laisser réduire à cette peau de chagrin, c'est la misère, c'est Valmy, c'est Verdun pour moi. C'est la fin de loup, puisque c'est désormais moi qui chasse...

Alors relis mes mails, vois leur évolution. Lis mon cœur, il t'est ouvert. Fais moi confiance, je ne bluffe pas en amour au vu de mon podium lamentable, je ne suis peut-être pas doué en tout (j'apprends vite) mais je sais ce qu'est aimer. Et tu sais que...

Je te parle clair. Parle moi donc clair. Et épargne-moi de me faire espérer quoi que ce soit si tu n'en as aucune intention. On ne change pas de vie comme ça, c'est certain, il faut peser son cœur, le mesurer, mais au moins dis moi où tu en es vis-à-vis de moi, bien au delà de l'amitié qui nous lie. Tu sais bien que le terrain sur lequel nous glissons nous rapproche du lit de différence... Je sais ce que je veux. Et toi ?

Une vraie histoire. Tome 2, pour ma part. A toi de voir ; et de me dire enfin où tu en es. Et n'oublie pas que ce n'est pas un reproche que cette bafouille-ci, c'est une déclaration de ce que tu sais. Sois flatté, certes, mais réagis.

Par pitié, sauve moi de ces affres. J'ai bien assez de mes croix originelles pour porter encore celle-ci.

Un mot que je ne dirai pas...

Bien à toi, dans le souvenir de tes bras.

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